Connue pour être l'objet d'une grande ferveur
religieuse mais aussi ses pratiques cultuelles uniques, l'église de San
Juan est le lieu le plus important pour la communauté toute entière.
Au bout du marché se tient dons une ravissante récemment repeinte
en bleu et blanc, dont l'accès est strictement contrôlé
par plusieurs hommes en poncho beige.
- C'est 5 pesos (4frs) par personne, nous indique un des hommes en refermant
la porte de l'église restée entrouverte...
Après avoir réglé le droit d'entrée applicable aux
seuls étrangers, nous poussons la porte pour plonger dans un univers
étrange où les fumées denses de l'encens ajoutent à
l'atmosphère extraordinaire du lieu.
Sous les grandes étoles tendues sous la voûte, des dizaines et
des dizaines de familles indigènes sont assises à même le
sol, couvert d'épines de pins. Seuls de petits espaces sont balayés
pour laisser la place à des centaines et des centaines de cierges d'une
dizaine de cm, collés à la cire sur le carrelage découvert.
Offerts aux saints representés par une vingtaine de statues se tenant
sur chacun des flancs de l' édifice, ils accompagnent les prières
de chacun dans un brouaha indescriptible.Très recueillis, parfois proche
de la transe, chacun reprend sans cesse les curanderos -chants rituels- en s'inclinant
au sol. Guidant les prières de chaque groupe familial, les hommes semblent
être les maîtres des lieux. Certains même prient en apposant leurs
mains tour à tour sur la tête de chacun des enfants et en aspergeant
le sol de Coca ou de bière, pour éloigner les mauvais esprits.
Toutes ces pratiques n'ont aucune cohérence globale, ce qui donne à
l'ensemble une ambiance à mi-chemin entrele souk arabe et le temple tibétains...
Au milieu des incantations les plus sacrées, chacun peut être interrompu
par un autre, venu discuter bruyamment de choses et d'autres... En fait, l'église
est également un lieu de rencontres hebdomadaires, ponctuées de
moments de très fortes spiritualité. C'est avant tout un lieu
de vie et personne ne semble offusqué par ceux qui mangent, les autres
qui boivent ou fument, ni les femmes qui allaitent...
Nous sommes subjugués et nous observons le spectacle, impressionnés!
A l'avant de l'église, un prêtre bénit statues, cadres mais
également poules (vivantes!), oeufs et autres objets qui lui sont présentés
sur l'autel couvert de fleurs, que l'on devine à peine derrière
les volutes d'encens...
Au fond de l'édifice (d'environ 30m sur 10) se tiennent les fonds baptismaux
en bois sculptés, protégés par une rambarde en bois qui
en limite l'accès. Quelques mètres devant, au centre d'un cercle,
un prêtre d'une vingtaine d'années baptise environ 20 enfants,
tout de blanc vêtus, que lui présentent ceux que nous supposons
être les parents. Très informelle,
cette cérémonie se déroule dans un fond sonore que vous
pouvez maintenant imaginer! Alors pour couvrir les bruits parasites, chacun
se fait entendre en ahussant un peu la voix...
Après près d'une heure passée dans cet univers vraiment
extra-ordinaire, nous ressortons de l'église de San Juan.C'est un véritable
voyage dans le temps et dans une autre dimension que nous venons de réaliser.
Seul regret; les photos sont dans ce lieu- comme lors de toute cérémonie
religieuse à San Juan- STRICTEMENT interdites. Toute tentative vous exposerait
instantanément à une réaction violente des Indiens dont
les croyances leur indiquent que l'appareil photo est un voleur d'âmes...
Juridiquement enfin, ce geste vous conduira immédiatement en prison!
C'est dommage, certainement mais le respect de leur culte vaut vraiment plus
qu'une petite photo...