Reportage précédentReportage suivantBob le prospecteur


Caroline et BobPetit-déjeuner dans la 'tente' et nous rejoignons Bob qui nous offre un café. Et là, pendant plus de 2 heures, il nous raconte sa vie de coureur des bois, truffée d'anecdotes succulentes et de moments dignes des plus grands romans d'aventure. S'il aime à se retrouver dans un confort véritable de retour à son domaine, sa vie de prospecteur est de toute autre nature. Vivant dans la forêt à la tête d'une équipe d'hommes entraînés à travailler dans des conditions aux limites de ce qu'un homme peut endurer, Bob est ici en dehors du folklore et des écrans de cinéma. Il gagne ainsi sa vie et sait que toute erreur se paie cash. Le danger est omniprésent et gare à celui qui l'oublierait.

Des situations limites, il en a connu des dizaines:« des erreurs de débutant », comme il dit, en se remémorant l'attente pendant 4 jours de l'hélicoptère qui devait ramener tente et nourriture quelques heures après avoir déposé les hommes en pleine forêt, par -40°C. Ou encore des « erreurs liées à la méconnaissance du matériel » quand, parti pour quelques heures avec le skidoo de son beau-frère, il passe à travers la glace du lac après avoir enclenché la marche arrière accidentellement. Il rejoindra un camp de base, entièrement gelé, après avoir passé près de 15 heures à lutter contre le froid.

Bob et Yannick-Quand tu es en hypothermie, tu te sens bien, euphorique. Si tu te laisse aller, tu meurs sans t'en rendre compte, presque heureux...
Il connaît ce monde hostile et vit avec toute l'année. Rien ne le pique plus que lorsque l'on lui dit qu'il a amené la ville sur son territoire.
-OK, j'ai l'électricité que je fabrique avec mes génératrices diesel; OK, j'ai l'eau courante que je pompe dans le lac; d'accord, j'ai la télé, le satellite et le téléphone satellite. Mais je vis ici moi!!J'viens pas 2 ou 3 mois dans l'année pour vivre mon p'tit trip, pis après j'm'en r'tourne à la ville! Et quand j'vais dans l'bois, c 'est pas mon p'tit cinéma que j'me fais! J'y vais pas pour apprendre à m'connaître, je sais qui je suis,moi! Si y a des gens que ça amuse, OK, j'ai rien à dire là-dessus, mais tâbârnâk, qu'on me laisse vivre!! Sans compter qu'ils sont parfois bien contents de le trouver mon téléphone satellite.

Câlice! Il ne rigole plus, Bob, quand des folkloreux absents du paysage 9 ou 10 mois de l'année viennent lui apprendre ce qu'il faut faire ou ne pas faire sur un terrain qu'il connaît mieux que personne!

Bleuet, fruit parent de la myrtilleNous partons en début d'après-midi pour une petite balade dans les Monts Groulx. Promenade qui nous amène à travers les bois, sur les traces de martre, lièvre ou autre animaux. Nous pouvons aisément suivre ces traces car à cette altitude peu élevée (800m) mais sous cette latitude, proche du 52è parallèle, nous nous retrouvons vite à marcher sur 2-3 cm de neige. Nous montons jusqu'au Lac Castor que nous trouvons complètement gelé!
En redescendant, nous rencontrons l'archétype de La Cabane au Canada. Bâtie près d'une rivière en pleine forêt, ce coquet chalet fait de rondins possède un charme fou. Ouvert à tous, la seule contribution demandée est de tenir l'endroit dans l'état où vous le trouvez, et de s'astreindre aux corvées de bois et de déneigement.... Le paradis sur terre, en quelque sorte!Reportage suivantReportage précédent